Jacques Capelovici


Jacques Capelovici – Voici le cap!


Qu'il nous soit permis ici de rendre un amical hommage au bon Maître que nous admirons depuis notre prime jeunesse et que nous avons eu l'honneur de fréquenter ces dernières années – et dont nous avons même eu la chance de partager quelques agapes en ses restaurants favoris du 14e arrondissement de Paris (où il aimait à commander «un» entrecôte), avant qu'il ne se retire à la maison de retraite d'Arcueil.


Jacques (Roger Albert) Capelovici (né d'un père d'origine roumaine naturalisé [voir ici des informations sur sa généalogie – il aurait eu, selon cette dernière, une sœur actrice] et d'une mère bretonne – son patronyme, répandu en Roumanie, est d'origine serbe et remonte à une racine signifiant «chapelle», à l'instar d'un autre grammairien et chroniqueur au Figaro, Maurice Chapelan, alias Aristide), bien connu des téléspectateurs sous le nom de "Maître Capello (ou Capelo)" (le Kapellmeister de l'ORTF!), a été juge-arbitre de la télévision française pendant des décennies (et non des décades!).

Apparu pour la première fois à la télévision en 1966, en tant que participant à l'émission-jeu "Télé-Dimanche" (il était venu avec des élèves), il sera recruté puis deviendra par la suite arbitre
du "Francophonissime" (1re chaîne, 1969-1981, rebaptisé "Le Francophone d'or" en 1981),
de "Pourquoi?" (1re chaîne, 1970),
enfin des "Jeux de vingt heures" (3e chaîne, mars 1976-janvier 1987, où ses fameuses formules et ses envolées lyriques ont contribué à faire de lui un mythe télévisuel), jeux consacrés à la langue française et ses chausse-trapes.

Il fut l'invité vedette d'innombrables émissions de télé, notamment
de "Sports Dimanche" de Raymond Marcillac [1959],
"Les jeux du bac",
puis "Pyramide", sur la 2e chaîne, dont il fut un temps l'arbitre en voix off, mais aussi
des émissions de Thierry Ardisson et Michel Drucker, sur la 2e chaîne,
de "C'est mon choix - C'est ensemble qu'on est devenu célèbre" [avec Jean-Pierre Descombes, animateur des Jeux de vingt heures], sur la 3e chaîne, en 2000,
de "Foot 3", sur la 3e chaîne,
de "La classe", sur la 3e chaîne (en septembre 1988),
de "Télé-délires", sur la 1re chaîne, en 1995,
du magazine "Phénomania" ["Titeuf: explication d'un succès"], sur la 5e chaîne, le 29 avril 2005, où le Maître se montre particulièrement critique à l'égard de cette bande dessinée, ou encore
de "L'Œil du cyclone", sur Canal+;
il a aussi été membre du jury de l'émission "Les Chiffres et les lettres" sur la 2e chaîne, en 1990;
on l'a revu en 2003, sur la 6e chaîne, dans une émission consacrée aux années 1980, intitulée "Absolument 80", présentée par Benjamin Castaldi, et encore d'une caméra cachée (dans un parking)

et de radio, dont
les célèbres "Grosses Têtes" sur RTL et
"C'est quoi ce bordel?" sur Europe 2, chez son admirateur l'humoriste Laurent Baffie, qui l'invita même à participer à son film Les Clefs de bagnole en 2003;

il apparaît d'ailleurs dans un épisode de la série télévisée comique Baffie vérifie la pub, en 1993;
c'est toujours son sens de l'humour qui l'a amené à figurer en 1990 dans une réclame pour des pâtes de la marque Lustucru,
et même en couverture du magazine satirique Hara-Kiri, en avril 1980, aux côtés de Coluche.
Signalons encore une émission de radio: "Tire ta langue", sur Radio France Internationale, avec Nicole Gendry, le 16 janvier 1992.
François Morel, dans "C’est mieux que rien!" [série d'émissions diffusées sur France Inter du 15 juillet au 2 septembre 1995] pose des questions à Jacques Capelovici.
Un "spécial Maître Capello", hommage en forme de parodie, a été réalisé par les Nuls, dans l'émission "Le Zouzouk" (diffusée d'octobre 1994 à juin 1995) sur Europe 1 (lors d'une autre émission télévisée des Nuls, on avait pu voir le bon Maître en jogging rose!).
Il a également été l'invité de Sébastien Cauet.

Un dessinateur, Jack Domon, a portraituré le Maître dans l'un de ses albums, Fan des années 80 (éd. Jungle, 2008).
Il est aussi caricaturé dans l'album Télé, ton univers impitoyable (Glénat, 1985),
ainsi que sur le site de célébrités Caricature Zone,
sans oublier le célèbre caricaturiste Siro (Pierre Rollot).
L'émission Les Guignols de l'info (sur Canal +) a créé une marionnette à son effigie après son décès.

Il est à noter que de nombreux internautes utilisent le nom de Maître Capel(l)o (voire Capelovici) comme pseudonyme ou surnom, en revanche, le Maître n'étant pas lui-même internaute, toutes les pages, notamment sur les réseaux (Facebook, MySpace, etc.), signées de ces noms représentent des usurpations d'identité.
Enfin, un rappeur a même pris, en hommage au Maître, le pseudonyme de KPLO – qui est l'une des signatures de J. Capelovici, comme l'atteste ce message adressé au Blog à la gloire des Jeux de vingt heures.

[C'est ici l'occasion de corriger une injustice relative à une prestation du Maître dans le jeu "Qui veut gagner des millions?" (1re chaîne, émission du 30 novembre 2004): sollicité par téléphone par son ami Laurent Baffie, pour connaître le pluriel de croche-pied, il répondit que ce nom était invariable, ce qui se révéla faux, selon le Petit Larousse, dictionnaire de référence de ce jeu, qui donne croche-pieds. Or, comme nous le confirmâmes au Maître, il s'agit d'une convention des plus arbitraires, car on ne croche généralement qu'un pied à la fois. On a bien, en emploi substantif, au sens de "boiteux", un cloche-pied, invariable au pluriel. En outre, les graphies du pluriel de certains noms composés ont fait l'objet de régularisations récentes, et on trouve bien, en regard, des crocs-en-jambe (sans s à jambe), ou casse-pied(s), au singulier comme au pluriel; de même: chauffe-pied(s), au singulier comme au pluriel, mais chausse-pied, pluriel chausse-pieds (sauf chez Bescherelle: chausse-pieds, au singulier comme au pluriel)! L'avis du Maître était donc parfaitement logique et justifié, n'en déplaise à certains réformateurs et lexicographes, par ailleurs pas toujours très cohérents...]

À Télé-Dimanche, en 1968 (photo INA-AFP)

Au Francophonissime

Au Francophone d'or


À Pourquoi?
Voir ici la présentation de ce jeu et ici un extrait.

Les Jeux de 20 heures











L'animateur du jeu et complice chante le Maître, voyez ici.



Témoignage de J.-P. Foucault (Ce n'est pas mon dernier mot!, Albin Michel, 2008)



Chez Michel Drucker (Champs-Élysées, 1984)

(Le Maître dit négligemment à Michel Drucker: "Je suis certain que vous êtes de ceux qui ne... commettez point de fautes de français !" Ah! le bougre! Néfaste syllepse! Amicus Capelo, sed magis amica veritas.)

La classe, septembre 1988


À Midi 2 (le 12/02/1992), il parle de la cédille! Voir ici.

C'est mon choix (2000): voir ici.

Critique acerbe de Titeuf


L'Œil du cyclone



À Absolument 80


Chez Thierry Ardisson (Tout le monde en parle), ici et ici


Chez Thierry Ardisson, émission 93, Faubourg Saint-Honoré, 25 avril 2005

Les Clefs de bagnole


Chez Laurent Baffie (C'est quoi ce bordel?): extraits sonores


Dans Baffie vérifie la pub (1993)

(Le Maître distrait lâche à la fin "qu'entends, qu'ouïs-je?" au lieu du "qu'ois-je" attendu – conjugaison du présent obsolète du verbe ouïr dont ouïs est le passé simple –, qu'on se rappelle le sketch de Raymond Devos! Amicus Capelo, sed magis amica veritas.)


Parodie des Nuls



Encore avec Les Nuls

Publicité: les "carabistouilles"


Couverture de Hara-Kiri

Vu par Jacques Faizant

Extrait de Fan des années 80, de Jack Domon

Extrait de Télé, ton univers impitoyable

Caricature extraite du site Caricature Zone

Marionnette des Guignols
Né à Paris le 19 décembre 1922 (et non en 1932, comme indiqué à tort çà et là, notamment à la BnF), agrégé d'anglais (reçu 9e ex aequo en 1953), certifié d'allemand, licencié d'italien et diplômé de scandinave ancien [en 1949 et 1950, il participe activement, en tant qu'auditeur, aux leçons de philologie germanique du distingué Fernand Mossé, à l'École pratique des hautes études, aux côtés d'un autre angliciste célèbre qui deviendra linguiste, Antoine Culioli ; André Crépin, membre de l'Institut, évoque dans ses souvenirs J. Capelovici], 

lisant le braille (ce fut aussi un spécialiste de mécanique automobile et un excellent pongiste, un harmoniciste, ainsi qu'un passionné d'histoire et un mathématicien subtil), ce distingué polyglotte, après avoir fait son service militaire en tant qu'officier de liaison dans l'armée britannique dans leur zone d'occupation en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, fut instituteur, professeur d'allemand (à Paris) puis d'anglais (notamment au célèbre lycée Lakanal de Sceaux [où il a laissé le souvenir d'un maître aussi autoritaire que farceur, promoteur d'une pédagogie d'avant-garde, et de nombreuses anecdotes circulent à son sujet sur l'Internet], après avoir participé à l'école d'été de Toronto à Saint-Pierre-et-Miquelon, voir ici un témoignage).

Très actif, il a souvent correspondu avec des personnalités (ici avec Jean-Richard Bloch, codirecteur du journal Ce soir et conseiller de la République) et été l'invité de dîners "intellectuels".

Il a publié des manuels scolaires (Anglais. 1, 2, langue technique accélérée, 2e année, Anglais. 3, Prononciation des mots d'anglais, fascicule d'accompagnement, Vanves: Centre national de télé-enseignement, 1968; Nouveau cours d'anglais. 6e, Paris: Wesmael-Charlier, 1969; Nouveau cours d'anglais. Classe de 6e. Travaux pratiques... fiches, Paris/[Namur]: Wesmael-Charlier, 1972; Nouveau cours d'anglais. 5e, Paris: Wesmael-Charlier, 1970; Nouveau cours d'anglais. 4e, Paris: Wesmael-Charlier, 1972; Le Pont jeté entre deux classes. 6e - 5e. Anglais, Paris: Bordas, 1973; Le Pont jeté entre deux classes. 5e - 4e. Anglais, Paris: Bordas, 1973), un Précis grammatical d'anglais (1970), ainsi que des traductions (ouvrages sur Goethe, Shakespeare, notamment, mais aussi illustrés Disney) et des adaptations (livres pour enfants).
En tant que défenseur du bon français (s'il n'est pas le premier, il a su s'imposer comme l'un des meilleurs et des plus sympathiques, en passant outre les critiques de certains linguistes, tels Charles Müller ou Michel Arrivé, et ses avis sont largement suivis ou commentés dans le monde entier), il a publié nombre d'articles sur l'enseignement et la langue (entre autres dans les revues La Voix des parents, Vie et langage, dans le bulletin de l'ASSELAF, dans Télé 7 jours [chronique «Télé-langage»] et dans Le Figaro [rubrique «Le bon français»], etc. Citons encore «les 101 conseils de Maître Capelo», in Parlez-vous correctement français?, hors-série jeux du Point) et des ouvrages de référence (En plein délire scolaire [1984], Parlons [correctement] français [1971], Le français sans fautes [1990], Guide du français correct [1992]), où la justesse du jugement s'allie plaisamment à un ton parfois badin et souvent d'une mordante ironie (il n'a en outre jamais manqué de répondre personnellement aux nombreuses lettres qui lui étaient adressées).
Il avait coutume d'adresser chaque année une liste de remarques et corrections aux éditeurs du Petit Larousse et du Petit Robert.
Il a participé aux dictées de l'École normale supérieure, ainsi qu'à la première "Dictéléthon" organisée par les policiers à l’hôtel de police de Créteil, le 6 décembre 1997.
Et il a fourni le vocabulaire de la version française d'un jouet pédagogique électronique destiné aux enfants, "La Dictée magique" (1979).
Enfin, il fut le correspondant épistolaire d'Étiemble dans son livre de 1964: Parlez-vous franglais?
Il publiait régulièrement une rubrique dans le bulletin professionnel de la SNECMA.



En 1990, il intègre par décret la commission de terminologie du sport.


Extrait du International Herald Tribune

Extrait du Franc-Tireur, 19-20 avril 1952 (tournoi d'échecs)

À l'École commerciale de jeunes gens, à Paris, en 1958 et 1959

Au lycée Lakanal, en 1957


Au lycée Lakanal, en 1959


Au lycée Lakanal, en 1961
Au lycée Lakanal, en 1977




Ses disques de prononciation

Ses manuels d'anglais de 6e, 5e et 4e 



William Shakespeare, textes sur Shakespeare adaptés par Jacques Capelovici, incluant des extraits des œuvres de Shakespeare, Paris : «Paris-Match», coll. «les Géants de la littérature mondiale», 1969, 136 p.

Goethe, textes sur Goethe adaptés par Jacques Capelovici, incluant des extraits des œuvres de Goethe, Paris : «Paris-Match», coll. «les Géants de la littérature mondiale», 1969, 136 p.








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Articles de J. Capelovici (florilège)


Vie et langage
N° 75 (juin 1958)
Le snark
N° 79 (octobre 1958)
Le secret des noms de voitures
N° 80 (novembre 1958)
Pétrole, huile, essence
N° 83, 84 (février, mars 1959)
Le français appris « par la bande »
N° 88 (juillet 1959)
Les « amalgames » dans la langue anglaise
N° 93 (décembre 1959)
Histoires de cochon...
N° 104 (novembre 1960)
Beefsteack ou biftec ?
N° 115 (octobre 1961)
À propos d'une révision des termes sportifs
N° 117 (décembre 1961)
D'un anglais « made in France »
N° 118 (janvier 1962)
« Partition » (suite et fin)
N° 120 (mars 1962)
La langue française dans le monde
N° 129 (décembre 1962)
Parlons français
N° 133 (avril 1963)
Les âges de la vie
N° 163 (octobre 1965)
La prononciation des Canadiens
N° 166 (janvier 1966)
Un jeu linguistique : bilinguisme géographique
N° 169 (avril 1966)
Suivez le porc
N° 178 (janvier 1967)
Un enseignement presque inexistant, celui du français en France
N° 180 (mars 1967)
Parlons (correctement) français
N° 188 (novembre 1967)
Et si nous parlions un peu du frallemand ?
N° 204 (mars 1969)
En partant d'Avignon

Le Figaro
7 avril 1959
L'étude des langues étrangères : un bilan de faillite...
26 mai 1959
Pour une véritable réforme de l'enseignement
2 avril 1969
St-Pierre-et-Miquelon, poste avancé de la France en Amérique du Nord
26 septembre 1989
Vive l'ortograf !
18 mai 1993
Le néo-français
9 octobre 1997
Le bon français, d'Œdipe à Goebbels
13-14 mars 1999
Du sexe au genre
11 octobre 1999
La crapule, sa victime et le témoin
01-02 juillet 2000
Vocabulaire et politique [« Le mépris de l'orthographe, c'est de l'antifascisme ! »]
26-27 août 2000
Orthographe - Halte au massacre !
19 janvier 2001
Prodigieux étalage de cuistrerie « pédagogique »
14 février 2002
[Sur « de » Gaulle]
4 septembre 2004
De l'anglais « made in France »
17 septembre 2004
Exotisme alimentaire

Défense de la langue française
1965
Nouveau plaidoyer pour une mappemonde
janvier-février-mars 1997
La langue de la clarté et de la précision ?
juillet-août-septembre 1997
Incursion dans le « néo-français »
octobre-novembre-décembre 1997
Toujours muet, jamais aspiré
janvier-février-mars 1998
L'été indien des nominés
juillet-août-septembre 1998
Quel « été indien » ?
Halte aux faux savants !
octobre-novembre-décembre 2000
Interpeller
janvier-février-mars 2001
Les imbécil(l)es

Lettre(s) (Bulletin édité par l'ASSELAF)
N° 4 (juillet-septembre 1992)
Si les réformateurs de l'orthographe daignaient répondre

La Voix des parents
avril-mai 1966
L'enseignement des langues étrangères : une grande espérance déçue

Les Nouvelles littéraires
18 avril 1969
Le faux problème de l'orthographe

Institut pédagogique national. Bulletin de la radio-télévision scolaire
21 mars 1964
N'abusons pas des mots anglais
22 avril 1967
À mots découverts

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Illustrés Disney traduits par J. Capelovici
Albums pour enfants aux textes signés J. Capelovici


La Dictée magique


Grand verbicruciste (et cruciverbiste, cela va de soi – dès ses 10 ans, il avait même envoyé une grille à Tristan Bernard, qui lui avait répondu), il a publié de nombreux recueils de grilles (et donné des grilles à diverses revues et magazines, dont le Manuel général de l'instruction primaire, dès 1957, Vie et langage et Télé 7 jours, jusqu'en décembre 2010) ainsi qu'un Que sais-je? sur la Pratique des mots croisés (1975). Il est d'ailleurs l'importateur des mots fléchés en France. Spécialiste de l'alexandrin, du jeu de mots (mais ennemi de l'à-peu-près!), de l'anagramme (nom féminin!) (on se souvient de l'inénarrable tu ornes la vache de pépé pour Alpes de Haute-Provence) et du palindrome, il en a forgé de célèbres, tels Ésope reste ici et se repose (qui figure dans le Larousse) ou Éric notre valet alla te laver ton ciré (Éric pouvant être avantageusement remplacé par Luc!). Il a fait de nombreux émules, dont Gérard Durand, auteur de Palindromes en folie (Les Dossiers d'Aquitaine, 2003), auquel il a consenti une préface. (Proche d'un autre Jacques, Lacan, cet oulipien fut l'inventeur génial de déconstructions syllabiques et nous donna une Marseillaise et une Carmen revisitées où il était question entre autres de six ions et d'enfants de beaux M... Innombrables étaient ses jeux de mots: mère zlota, père zloty, bonne athée, bonne sans nez...)
Il aimait dédicacer des photos de lui, qu'il personnalisait par un alexandrin toujours fin!

Jean Diwo, ancien directeur de Télé 7 jours, consacre au Maître un passage de son livre Si vous avez manqué le début (Albin Michel, 1976): «Capelovici, le chasseur de solécismes» (chap. 5). Il lui rend aussi hommage ici.










Mais Jacques Capelovici était aussi un japonisant amateur éclairé (il participa à l'émission aujourd'hui disparue "Japonais absents", et il avait coutume dans son enseignement de jouer des anglicismes en japonais), et s'intéressait à de nombreuses langues, dont l'espagnol, le breton (il nous avait surnommé «le besson», connaissant le sens de notre patronyme breton), l'arménien, l'hébreu, le chinois, le vietnamien et le russe – auquel l'initia le professeur Alexis C., notre distingué collègue et ami, agrégé de grammaire et linguistique russe, qui fut à l'origine de notre rencontre avec le Maître.
C'est ainsi qu'il a toujours tenu à mettre en garde, dans ses ouvrages, contre la prononciation vicieuse de certains noms russes, écorchés par les ignorants.
Citons-le (Le français sans fautes):
«Mots russes: excès de zèle
Les noms du maréchal Joukov et de l'écrivain Soljenitsyne s'écrivent en français avec un «j» qui représente tout simplement le son contenu deux fois dans notre joujou. Si ce «j» avait la valeur qu'il a en allemand, ces deux patronymes s'écriraient respectivement «Youkov» et «Solyenitsyne». Cette évidence n'empêche pas de beaux esprits de les prononcer de cette façon archifausse. Le désir qu'ont les pédants de se distinguer ne connaît pas de limites.»
Il précisait (Guide du français correct):
«Si elle [cette prononciation en y] correspondait à la réalité, nous écririons ce nom avec un «y», comme le prénom russe Youri
L'amusait aussi beaucoup le fait que les o inaccentués se prononcent en russe «a», si bien que la transcription française de mots contenant de tels o (transcription orthographique et non phonétique) ne peut que trahir la prononciation d'origine; il citait volontiers les mots suivants, contenant trois o dont aucun ne se prononce «o» (et dont la consonne finale est assourdie): le nom propre Ворошилов (prononcé à peu près «Var Achille œuf», en transcription Vorochilov) et l'emprunt локомотив (prononcé à peu près «la came à tifs», du français locomotive).
Nul doute que Maître Capello eût fait un éminent russisant!

Jamais à court de recherches, de réflexions et de trouvailles, ce patriarche comblé (notamment père d'une enseignante et arrière-grand-père d'un petit Hadrien – anagramme d'enhardi! –, hélas veuf de sa fidèle compagne de toujours Léa) nous a quittés le dimanche 20 mars 2011. Il repose à présent au cimetière du Montparnasse, à Paris, aux côtés de son épouse.

De très nombreux journaux lui ont rendu hommage.
France Dimanche

Ici Paris

Et bien sûr Télé 7 jours


Nous accompagnions à l'occasion le maître, fin gourmet, dans son restaurant favori du quartier Alésia déguster des huîtres (et il aimait à rappeler l'origine du h de ce mot, destiné à le distinguer de vitre, quand le u s'écrivait comme v).

Il a été souvent interviewé, notamment par Léandri, dans une de ses "encyclopédies du dérisoire", ou encore par le journal Français d'abord (312-333) ("Je réagis contre la sottise et l'ignorance prétentieuse") ainsi que par le journal satirique Pilote.

Nous reproduisons ci-après une interview de Maître Capello dans un hebdomadaire télé, par Franklin Didi:
-On massacre toujours autant le français à la télé?
-Hélas! Parmi les barbarismes les plus tenaces: rénumérer, réouvrir, commissairiat, pécunier, carapaçonné, censés signifier rémunérer, rouvrir, commissariat, pécuniaire et caparaçonné. Oasis et interview sont employés au masculin et tentacule et planisphère au féminin: à tort!

-D'autres exemples?
-On appuie sur la gâchette au lieu de la détente, on commémore les anniversaires au lieu de les fêter ou les célébrer, on confond globe terrestre et mappemonde, qui est une carte plane... Les boissons alcooliques, vin et whisky, deviennent, bien à tort, alcoolisées.

-Coupables, les seuls journalistes?
-... souvent leurs invités. Hommes et femmes politiques compris. Raymond Barre nous a parlé d'une panacée universelle (pléonasme!), Jacques Chirac emploie l'expression mieux que quiconque au lieu de mieux que personne. VGE prononça les humbles sans liaison. Laurent Fabius déforma il vaut mieux en il faut mieux. Georgina Dufoix fit rimer gageure avec majeure au lieu d'injure...

-Votre tiercé gagnant?
-Zitrone, Chancel, Bouvard.

-Les spots publicitaires?
-Il y a cet absurde "Auto macho, auto bobo" dont ne voudraient pas les Papous les plus primitifs (macho, emprunté à l'espagnol, n'a aucun rapport avec l'excès de vitesse). Il y a le "Ticket chic, ticket choc" du métro: deux mots signifiant élégance (chic) et collision (choc).

-À quoi est dû ce massacre?
-À l'absence d'un enseignement dûment programmé du français. C'est un professeur qui vous le dit!...

Nous avions organisé sa dernière interview par le magazine belge Le Soir Magazine (16 mars 2011).
Voici l'article (source : http://archives.lesoir.be/nous-avons-retrouve-maitre-capelo-_t-20110309-019UVR.html):
Nous avons retrouvé Maître Capelo !
n.c.

Mercredi 9 mars 2011

Ce personnage drôle et farfelu a 88 ans.

Sa fille et ses proches nous donnent des nouvelles fraîches de Maître Capelo qui salue bien la belgique !

De notre envoyé spécial à Paris, Nicolas Dewaelheyns.


Il a participé à plus de 5.000 émissions sur la langue française. C’est un des personnages les plus attachants de la télévision et les plus appréciés du public. Jacques Capelovici, que tout le monde connaît sous le nom de “Maître Capelo”, incarne la culture et il est l’intelligence en personne. Ce passionné des mots et de la langue française s’est fait connaître à travers deux des plus emblématiques émissions de la télévision : le “Francophonissime” (diffusé de 1969 à 1981 dans toute la Francophonie), dans lequel apparaissait notamment “notre” Paule Herreman, et les célèbres “Jeux de 20 heures” (de 1976 à 1987), animés par Maurice Favière (aujourd’hui âgé de 88 ans et en pleine forme ; il s’est remarié il y a quatre ans) et Jean-Pierre Descombes (63 ans). La fille de Maître Capelo évoque son papa.

« Mon père parle souvent des “Jeux de 20 heures”. C’est une période importante de sa vie. Quand il en parle, il est heureux ! », nous explique Françoise (69 ans), la seule et unique fille de Jacques Capelovici, qui a fêté ses 88 ans le 19 décembre dernier. « Pour moi, c’était plus un copain qu’un père », nous explique-t-elle. « Je n’avais même pas 20 ans d’écart avec lui ! C’était mon copain. On jouait ensemble. Mes parents ont été grands-parents à 44 ans ! »


Né dans le 6e arrondissement de Paris d’un père roumain naturalisé français et d’une mère bretonne, le jeune Jacques Capelovici est curieux de tout, et ce dès son plus jeune âge. Ainsi, à 10 ans, le jeune Jacques a écrit à Tristan Bernard. Il lui fait part de son attachement à la langue française. « Il a d’ailleurs reçu une réponse à sa lettre », nous explique sa fille. « Ça l’a encouragé à continuer. Et il a toujours défendu le français. Pourtant, mon père était professeur d’anglais, pas de français », sourit-elle.


C’est à grâce à Maître Capelo qu’il nous est offert aujourd’hui de faire des mots fléchés. « Il les a introduit en France », explique Françoise. Encore jusqu’au mois de décembre dernier, il publiait chaque semaine ses grilles de mots fléchés dans un grand magazine français de télévision.


Les premières années de sa carrière, Jacques Capelovici a été instituteur. Puis, il est devenu professeur d’allemand au collège, avant de devenir professeur d’anglais au lycée Lakanal à Sceaux. « Mon père est agrégé d’anglais, diplômé d’études supérieures d’allemand», détaille Françoise.

« Quand mes enfants avaient des problèmes avec leurs devoirs d’anglais, ils appelaient Maître Capelo », sourit Jean-Pierre Descombes, son beau-fils. C’était le professeur qu’on aurait tous aimé avoir pour apprendre le français en s’amusant. « Pour que les élèves retiennent la superficie équivalente à un hectare, il racontait que c’était l’équivalent d’un terrain de football », se rappelle son plus fidèle ami Alexis Ciolkovitch. Il avait toujours le sens du concret. Il essayait de rendre le cours vivant ! Et les élèves retenaient ce qu’ils apprenaient. Mais il avait ses méthodes. Les inspecteurs ne l’appréciaient pas beaucoup. Et lui, il ne les aimait pas non plus. Ils étaient jaloux de ses connaissances. » Et sa fille Françoise de préciser : « Il n’a jamais eu de problème de discipline avec un élève ! »

En 1966, Raymond Marcillac présentait à la télévision française l’émission “Télé-Dimanche” à laquelle des sportifs et des chanteurs participaient. Lors de chaque émission, de jeunes lycéens s’affrontaient en duel. Deux lycées étaient représentés chaque semaine. Chacun par quatre candidats. Jacques Capelovici se rendre à la télévision avec sa classe. Tout de suite, il sympathise avec Raymond Marcillac qui éprouve bien des difficultés à rédiger des questions touchant à la géographie, à l’histoire, aux langues et à la littérature. Et c’est comme ça qu’il a intégré l’équipe rédactionnelle du jeu. Puis, le célèbre producteur de jeux Jacques Antoine eut l’idée formidable d’engager Jacques pour un nouveau jeu qui allait marquer l’histoire de la télévision : le “Francophonissime”. En arbitrant les épreuves, il en devint la vedette, le personnage de “Maître Capelo” était né.


Parallèlement au “Francophonissime”, il y eut également les “Jeux de 20 heures”. Après l’arrêt du jeu en 1987, le Maître a continué à défendre le français et à dénoncer le massacre de la langue française dans les médias ou à travers différents ouvrages comme “Le guide du français correct”, “Parlons correctement le français” ou “Le français sans fautes”, dans lequel il répertorie les erreurs les plus fréquentes de la langue parlée et écrite. « En 25 ans, il a repéré plus de 1.000 fautes dans le Larousse », se souvient Alexis Ciolkovitch. « Chaque année, Larousse lui envoyait un dictionnaire. Et lui, il leur envoyait ses corrections », sourit-il. Pendant une dizaine d’années, il a également été examinateur à l’oral de philologie anglaise à l’université. Mais tout le passionnait, même les mathématiques. Et il voulait que la connaissance soit accessible au plus grand nombre. « Ainsi, dans les années 60, chaque année, il était président de jury au baccalauréat à la prison de Fresnes. Pour les prisonniers politiques et les prisonniers de droit commun », détaille sa fille Françoise.


Malgré la notoriété que la télévision lui avait offerte, Maître Capelo est resté un homme simple, très attachant, et accessible. Sa notoriété, il l’aime. Et se faire arrêter en rue et être salué par des admirateurs, c’est tout ce qu’il aime. « Dans le métro, les gens le reconnaissaient. Il leur souriait. Alors les gens lui disait : “Mais vous êtes Maîtres Capelo ?”. “Mais oui !”, et il sortait de sa poche une photo qu’il dédicaçait. Il aimait ça. Il aime les gens. Partout où il allait, il avait toujours sur lui ses photos pour dédicacer et offrir aux gens », explique Maurice Favières. Anecdote souriante : Maître Capelo signait toujours ses photos en vers. Par exemple : “ Le monde entier ne peut qu’envier l’intelligence d’Olivier”. Ou : “Mieux vaudrait périr dans les Catacombes qu’être un jour privé du charmant Descombes”. Maître Capelo aurait été le candidat idéal à l’émission “La Tête et les Jambes”. Homme érudit à la mémoire extraordinaire, il ne négligeait pas pour autant sa condition physique. «Quand on faisait les “Jeux de 20 heures”, il avait toujours des raquettes et une petite balle dans son sac. Il adorait jouer au ping-pong. Dès qu’on arrivait dans un village où l’on faisait l’émission, il cherchait toujours une table de ping-pong pour qu’on puisse jouer », se souvient
Jean-Pierre Descombes. « Il a même battu Henri Salvador lors d’une partie ! », ajoute sa fille Françoise. Il aimait aussi le foot. »

En dehors de la télévision, Maître Capelo est un homme simple, agréable, qui ne se prend jamais au sérieux. « Avec moi, par exemple, il a accepté de tourner une pub pour les pâtes Lustucru. J’ai aussi des images de lui où il est habillé en clown pour une émission de fin d’année. Il était maquillé et portait un nez rouge. Les gens étaient écroulés de rire quand ils l’ont vu comme ça ! », se souvient Jean-Pierre Descombes. « Capelo était un homme complètement farfelu. Il était très drôle et très gentil. Mais farfelu », souligne Maurices Favières.


Si toute sa vie, il a vécu dans le 14e arrondissement, son quartier, Maître Capelo profite aujourd’hui d’une retraite bien méritée, au calme dans une maison de retraite de la région parisienne où il réside depuis le décès de son épouse Léa en 2007. Il y reçoit la visite régulière de ses plus fidèles amis et de sa famille. « Il a deux petits-enfants : ma fille et mon fils », détaille Françoise.


Ces jours-ci, Maître Capelo est “très fatigué”. « Mais il tient à saluer chaleureusement la Belgique, un pays cher à son cœur. Le troisième prénom de mon père, c’est Albert », tient à nous préciser Françoise. « Il s’appelle Jacques Roger Albert, parce que mon grand-père aimait beaucoup le Roi des Belges, Albert Ier. Et mon père aimait, lui aussi, beaucoup la Belgique. » Maître, vous qui portez la Belgique dans votre cœur, sachez qu’elle ne vous a pas oubliée.

Témoignages:
Alain Rey (lexicographe, coauteur des dictionnaires Robert): «Il était l'incarnation de l'intérêt des Français pour les problèmes de la langue [...] il a passé sa vie à défendre la langue française, il était sympathique et intelligent, et je ne peux que lui rendre hommage et m'attrister de sa disparition.»
Bernard Pivot (animateur notamment d'"Apostrophes"): «Jacques Capelovici était une sorte de monsieur je-sais-tout, très à cheval sur la langue française [...] je ne l'ai jamais rencontré, je l'ai seulement vu dans des jeux télévisés.»
Hommage du président du Conseil supérieur de l’audiovisuel: ici.
Hommage du ministre de la Culture: ici.


Quelques liens:
Le Blog à la gloire des Jeux de vingt heures
Le lycée Lakanal

Arcueil notre cité (n° 216, avril 2011) rend hommage à son ex-résident de marque.

Sceaux Magazine (n° 414, mai 2011) rend hommage au Maître.
Les Nouvelles de Roumanie (n° 65, mai-juin 2011) rendent également hommage à ce grand Français d'origine roumaine.
Hommages en Belgique, ici (2003) et ici (2007)
Le Quid et le Who's who in France comportent des notices (incomplètes) sur J. Capelovici.

Quelques devinettes et définitions du Maître

Sans moi, Paris serait pris, qui suis-je ? (A)
En deux lettres, condamné à mort ()



Veni, vidi, Capelovici !

Quelques alexandrins, à nous dédiés !
(Le maître, toujours curieux, avait trouvé que notre nom en breton signifie "jumeaux", d'où notre surnom de "besson" !)





Saluons l'initiative d'un créateur français de stylos, qui consacre une collection (la collection CAPELLO) à la mémoire du défunt Maître.